Théophile Gautier na pas encore accompli sa vingtième année, lorsquil rédige, en 1830, un article à la gloire dHoffmann, tout fraîchement révélé au public français par les traductions de Loève-Veimars. Lannée suivante, il publie son premier récit, La Cafetière où éclate linfluence du conteur berlinois. Mais il est trop lucide pour sabandonner sans contrôle à son enthousiasme. Bientôt, il décrit les « vexations » dun Jeune-France égaré par la passion du fantastique : Onuphrius est sa caricature, dessinée avec une ironie fraternelle. Tel est-il toujours demeuré : vigilant quoique exalté ; attentif à voiler ses préoccupations sous une nonchalance étudiée. Omphale, La Pipe dopium, Le Pied de momie effleurent comme par jeu les réalités invisibles. Le lecteur sourit à son tour et goûte la saveur dune fantaisie chatoyante, disciplinée par un langage strict. Pourtant, des accents plus graves se laissent percevoir quelquefois. Ce dilettante avait des hantises, dont ses proches ont été les témoins ; ce poète des apparences possédait, comme Baudelaire a su sen apercevoir, une «intelligence innée de la correspondance et symbolisme universel». Presque tous ses contes, plus particulièrement La Morte amoureuse, Arria Marcella, Le Club des Hachichins, manifestent son regret de ne pouvoir échapper aux limites de la condition humaine et son besoin dune évasion imaginaire au-delà du Temps et de la Mort. Vers la fin de sa carrière, Théophile Gautier a composé dans la même veine de petits romans (Avatar, Jettatura) et une longue nouvelle (Spirite ). Nous nous bornons, dans le présent volume à reproduire celles des ses oeuvres fantastiques dont brièveté paraît justifier létiquette de « contes ». Nous les présentons selon l&am
