Nous accomplissons des gestes sans y penser. Le geste de se parfumer est de ceux-là. Et pourtant ces minuscules aspersions, leur répétition, népuisent pas leur secret. Sent-bon de lenfance pour expurger les mauvais rêves, effacer les fièvres, talisman pour se produire dans le monde, viatique, messager amoureux... Agrippés aux crinières des chevaux chers à Guerlain, nous galopons dans les odeurs, dans leur assemblage savant, mystérieux, nous nhésitions pas à piétiner les fleurs, leur saccage nous soûle, nous renversons des flacons, les effluves répandus nous font perdre la tête, nous sommes impatients daller vers le printemps, non pas léternel printemps, mais le printemps où tout se joue et sinvente à nouveau, inentamé, inconnu, le printemps de Guerlain et le nôtre, lutinant tendrement de concert.