Depuis 1991, une polémique fait rage sur lart contemporain. Les accusateurs sen prennent aux impostures ou aux hermétismes des héritiers de Duchamp et de Warhol. Leurs adversaires défendent les valeurs dune avant-garde vieille de 150 ans. Cette crise est lindice dun malaise irrémédiable touchant le rôle de lart dans nos sociétés. Nous vivons la fin de lutopie de lart, cest-à-dire la fin dune croyance dans les pouvoirs de critique, de transfiguration et surtout de communication de lart. Quand la culture devient un monde séparé destiné au loisir, quand les valeurs de la démocratie remettent en cause la déférence forcée du public pour les goûts de lélite, quand il ne peut plus y avoir ni prophètes ni mages, il reste la comédie de lavant-gardisme dEtat sefforçant en vain de produire administrativement du sens. Cela nempêchera pas les artistes, ceux qui sont bons-quà-ça (Beckett), de faire ce quils ne peuvent sempêcher de faire. Lart est en crise ? Adieu les gestionnaires des avant-gardes ! Place, de nouveau, aux artistes !.
