Pollution des rivières, embryons congelés, virus du sida, trou dozone, robots à capteurs... : ces objets étranges qui envahissent notre monde relèvent-ils de la nature ou de la culture ? Comment les comprendre ? Jusquici, les choses étaient simples: aux scientifiques la gestion de la nature, aux politiques celle de la société. Mais ce traditionnel partage des tâches devient de plus en plus impuissant à rendre compte de la prolifération des hybrides. Doù le sentiment deffroi quils procurent, et que ne parviennent pas à apaiser les philosophes contemporains, quils soient antimodernes, postmodernes ou éthiciens. Et si nous avions fait fausse route ? En fait, notre société moderne na jamais fonctionné conformément au grand partage qui fonde son système de représentation du monde: celui qui oppose radicalement la nature dun côté, la culture de lautre. Dans la pratique, en effet, les modernes nont cessé de créer des objets hybrides, qui relèvent de lune comme de lautre, et quils se refusent à penser. Nous navons donc jamais été vraiment modernes, et cest ce paradigme fondateur quil nous faut remettre en cause aujourdhui pour comprendre notre monde.
