Tout avait si bien commencé : en vacances un 24 juillet, au bord de lAdriatique (à Peschici exactement), Voltaire le père, quadragénaire glissant sur ses tongs ; Oum sa femme, dont on sait depuis plusieurs livres la passion pour le ménage et lordre : Géo, leur petit garçon. Ils nont pas dautre motif dinquiétude que la perte de leurs chaussures japonaises. Le soleil chauffe. Trop. Ça grésille, les pommes de pins éclatent. Puis les flammes apparaissent, les visages bronzés blanchissent deffroi, on commence à refluer depuis le camping voisin vers la plage, au pas de course. Cest le feu. Il faut gagner la mer, se croire sain et sauf, regarder derrière soi, laisser un chien au regard aveugle, une aïeule en robe noire, le feu progresse en un tumulte darbres arrachés, de rafales de vent, les visages noircissent, et puis cest la fin de lerrance, le bout de la plage, la mort inéluctable. Les familles sagenouillent au pied dune Vierge absurdement posée là. Un miracle peut-il encore advenir ? Cest ici Philippe Jaenada à son meilleur : lunité de temps et de lieu, la progression dramatique, les incises comiques sur un célibataire dautrefois en berne dans Paris, les portraits dhumains pleutres ou bravaches. Tout ce théâtre est un prétexte à digression sur la vanité de la vie, et, en même temps, sa beauté fragile. Un roman désespéré et drôle.
