Rome, civilisation des spectacles, est connue pour les jeux du cirque, mais on ignore que le théâtre y tint une place au moins aussi importante. Les Romains, dès la République, allaient au théâtre dix fois plus que les Athéniens. Ce livre veut donc rendre justice à la tragédie, la comédie, mais aussi au mime et à la pantomime romaine. Car ce théâtre fut aussi profondément original. Par la place quil tint dans la vie du citoyen romain, comme espace de libertés - liberté politique et libération de limaginaire. Par le statut ambigu des acteurs: véritables stars, ils fascinent les Romains, reçoivent des cachets somptueux et sont suivis par des foules dadmirateurs, en même temps quils sont marqués dinfamie et assimilés à des prostitués. Par le caractère musical des représentations, chantées et dansées, où il faut voir lorigine de lopéra. Il est impossible de comprendre ce que fut véritablement Rome si lon ne reconstitue pas ce loisir privilégié du citoyen, qui peu à peu dévora sa vie privée et publique, au point que saint Augustin, à la fin de lEmpire, définira le Romain comme un spectateur, pour ainsi dire, «drogué» de théâtre. Couverture: masque de théâtre, mosaïque de la villa Hadriana. Musée du Capitole, Rome. D.R.
