Victor Hugo a vingt-six ans quand il écrit, en deux mois et demi, Le Dernier Jour dun Condamné, roman qui constitue sans doute le réquisitoire le plus véhément jamais prononcé contre la peine de mort. Nous ne saurons pas qui est le Condamné, nous ne saurons rien du crime quil a commis. Car le propos de lauteur nest pas dentrer dans un débat mais dexhiber lhorreur et labsurdité de la situation dans laquelle se trouve nimporte quel homme à qui lon va trancher le cou dans quelques heures. Ce roman - aux accents souvent étrangement modernes - a une telle puissance de suggestion que le lecteur finit par sidentifier au narrateur dont il partage tour à tour langoisse et les vaines espérances. Jusquaux dernières lignes du livre, le génie de Victor Hugo nous fait participer à une attente effarée : celle du bruit grinçant que fera le couperet se précipitant dans les rails de la guillotine. Quiconque aura lu ce livre noubliera plus jamais cette saisissante leçon décriture et dhumanité.