A dire vrai, pour décrire lamour dAntonia, il faudrait des mots qui nauraient jamais été prononcés, une langue de coquelicot et de brise avec des silences soudain, des arrêts sur une lumière, les nuages qui filent là-bas par-dessus le Temple de Diane dans le ciel de ce mois de juin oublié, luisant comme une coquille hors de leau. Oui, dabord les nuages, le vent, le ciel, le soleil, puis les cheveux rouges que lon sait, puis le bruit des pas dAntonia qui traverse la place aux Herbes, emportée par ses sensations. Jimagine que cest le début de laprès-midi, lheure chaude, pas encore le bon du jour. Pour courir à son rendez-vous, elle a mis une longue robe dété avec un chapeau de taffetas vert ajusté sur son chignon. Où va-t-elle de ce pas vif ? J. -P. M.