Quand Arthur Rimbaud entre à lAcadémie française, le 16 janvier 1930, personne ne semble se souvenir de “ lhomme aux semelles de vent ”, du chérubin diabolique des “ Reparties de Nina ” ou du “ voyou ” voyant qui avait défrayé la chronique du milieu littéraire vers 1872. Valéry lui-même, qui prononce léloge du nouvel académicien, expédie “ le Bateau ivre ”, Une saison en enfer et les autres œuvres de jeunesse en trois phrases allusives. Au moment où lon sapprête à fêter le 50e anniversaire de la mort de lécrivain, cette étude voudrait montrer que le Rimbaud de la maturité, celui qui revient du Harar en 1891, qui épouse la sœur de Claudel en 1907, qui se convertit en 1925 et à qui lon doit quelques unes des œuvres en prose les plus importantes du XXe siècle, est déjà génialement présent, par la manière comme les thèmes, dans ces œuvres de jeunesse oubliées. Limage quon se faisait jusquici du “ patriarche de Charleville ” ne perd rien à cette confrontation.