Dans son dernier roman, Alain Nadaud tente un voyage mystique en plein Tibet afin de mieux se comprendre. Le narrateur, écrivain blasé, remonte le cours de ses vies antérieures par l’intermédiaire de ses rêves. Toutes se recoupent en un point : le rapport à l’écriture et l’envie tenace d’écrire. L’idée, d’emblée attirante pour les férus du principe de réincarnation, ne parvient pas à se détacher d’une écriture lourde et bassement terre-à-terre. Plus les pas du narrateur s’élèvent dans la montagne, plus les clichés se multiplient. Les descriptions des paysages et les désagréments du voyage, comme les malaises provoqués par l’altitude, rapprochent davantage le récit d’un guide du trappeur moyen que d’un roman. Jouant sur la frontière entre rêve et réalité, Alain Nadaud décrit des songes trop longs, qui plombent le rythme de l’histoire. Très proche de son personnage, il risque fort de déconcerter, voir d’irriter car le héros passe près de 200 pages à se plaindre, enfermé dans un comportement de touriste grossier et d’écrivain raté égocentrique. Sans parler de la déchéance finale, de cette chute dans le Mal absolu, que le narrateur occulte sans remords. Difficile alors de trouver un réel attrait au cheminement de l’histoire, même si le résultat tend vers l’idée d’une autobiographie même du roman. Dans un décor aussi sublime que les hauts plateaux de l’Himalaya, ‘Le Passage du col’ ne tient pas, hélas, ses promesses d’élévation.
