Traitée comme la preuve de la plus volontaire modernité ou, au contraire, porteuse de linterrogation incertaine et douloureuse, limage de lhomme qui marche a parcouru tout lart du XXème siècle. En effet, des expériences issues des recherches photographiques de Marey ou de Muybridge aux oeuvres dAlberto Giacometti ou de Francis Bacon, lhomme qui marche se fraye un chemin dont le dessin, à lévidence, admet de complexes méandres le long desquels Rodin va rencontrer Germaine Richier, Tal Coat, Dubuffet, Hélion et bien dautres encore. La première interrogation liée à ce thème semble porter sur lartiste lui-même qui saventure au travers de la marche, afin de trouver les réponses nécessaires, tant du point de vue des formes auxquelles il entend donner vie que du point de vue de son identité dhomme et dartiste. En réalité la quête de lindividu se prolonge dans le questionnement crucial de lhomme qui crée. Lhomme qui marche, cest aussi lhomme qui oeuvre. Cest celui dont la marche - parcours initiatique ou méthode de travail - se confond avec lart lui-même. Antoni Tapies ou Kazuo Shiraga, Richard Long ou Hamish Fulton, sont de ceux qui, de manière affirmée et constante ou plus occasionnelle, font de la marche le fondement premier de leur oeuvre. Lexposition liée à ce thème présente dabord des artistes dont la chronologie se situe entre Rodin et Giacometti, puis dans un second temps, entre Warhol et Nauman. Ce voyage dans un siècle darpenteurs est accompagné dun livre illustré et riche dune réflexion à la fois pointue et sensible.
