Je viens du Centre de tir. Quelques bavures pour commencer (fatigue, souffle court), et puis précision. Je ne sais plus quel poète américain a écrit ces deux vers : Paradis calme/Au-dessus du carnage. Cest mon état desprit à lentraînement. En haut, si jarrive à penser le moins possible, ciel, bleu, calme, lumineux. En bas, explosions et larmes. Je me concentre sur le mot mot. Je le vois là-bas, dans la ligne de mire. Il respire un peu, il grandit, cest lui que je vise, que je veux toucher et trouer. MOT. Avec une lettre de plus, cest MORT. En anglais, ça ferait WORD et WORLD. Je tire sur la mort, je tire sur le monde. Petite plaisanterie, mais qui fait du bien. Ma voisine de stand, Viva, me félicite davoir mis dans le mille. Je ne sais rien de ses activités, ni elle des miennes. On se sourit, ça suffit.