Kenneth White napprécie guère lépoque, quil juge plate, vulgaire, pesamment consensuelle. Comment lutter contre cette médiocratie généralisée ? Pour lui, la tentation serait de se réfugier dans le mépris ou lindifférence. Mais cette attitude hautaine ne saurait convenir à un homme aussi vivant, réfléchi, aussi habité par les choses de lesprit. Où trouver des modèles de révolte, de liberté intellectuelle, des exemples dinsoumission à la petitesse et à la trivialité contemporaine ? Kenneth White savise quils existent, tout près de lui. Ils se nomment Cioran, Delteil, Saint John Perse, Rimbaud, Segalen, Michaux, Céline, Breton. En apparence, rien ne rapproche ce nihiliste, cet extravagant, cet anarchiste géographe, ce voleur de feu, ce surréaliste, cet imprécateur mais ils ont tous en commun davoir tenté datteindre les limites deux mêmes et du monde, davoir entrepris leur voyage personnel au bout de la nuit. White ne se sent bien quen compagnie de ces extrémistes de lart, de la société, de lespace intérieur. Loin de tout dogmatisme, étranger aux modes intellectuelles de ce siècle débutant, cet essai littéraire se présente comme un manifeste libertaire, un guide dindépendance desprit destiné à ceux qui résistent à la sinistre pensée unique de notre temps.
