Il pourrait sagir dun (petit) volume de confessions. A la faveur dune préface mi-figue mi-raisin, où mauvaise foi et sincérité confondent assez vertigineusement leurs rôles, lauteur nous laisse croire que les « crimes » dont il est question dans son livre sont le fruit dune longue enquête auprès des divers (et nombreux) assassins quil a pu croiser sur deux continents. Mais très vite lon sent que ces actes irréparables, il les prend à son compte : oui, cest bien lui qui a commis (ou rêvé de commettre ?), au long dune vie très ordinairement remplie, cette centaine de meurtres perpétrés au moyen darmes variées, simples ou sophistiquées suivant les cas, dans des mises en scènes baroques ou classiques, par souci de morale et de vertu le plus souvent, de justice toujours. Cioran aimait à dire quil ne se souvenait pas avoir vécu une journée de sa vie où ne lui fût pas venue au moins une fois, et généralement plusieurs, le désir doccire un (ou plusieurs) représentants de cette tribu que lon appelle lhumanité. Avait-il lu le petit livre de Max Aub ? Il nest plus là pour nous le dire. Leût-il fait quun vif sentiment denvie neût pas manqué de létreindre, car le señor Aub ny va pas de main morte, si lon ose dire. Couronné à sa sortie en français par le Grand Prix de l’Humour noir, Crimes exemplaires avait été salué par toute la presse : « Humour de styliste, qui aiguise les pointes et envenime le dard, à la manière de Swift ou à celle de Borges… Un éclat de diamant. » PIERRE LEPAPE/LE MONDE De l’art d’assassiner son prochain (en y prenant plaisir). Un classique absolu de l’humour noir, par l’un des meilleurs écrivains espagnols du siècle. En