« On ouvre des portes, une à une. La distance qui sépare une porte de la suivante, on met des mois à la franchir, parfois des années. On est sans impatience. On va dun pas égal, ni trop lent, ni trop pressé. La main sur la poignée tremble à peine. Dans une pièce il y a un cerisier en fleur. Dans une autre trois flocons de neige. Dans une autre encore une chaise de lumière. On reste sur le seuil, on sefface contre la porte. On laisse entrer ce qui est bien plus grand que soi - on laisse aller le ciel auprès du cerisier, lenfance courir jusquà la neige, lombre sasseoir sur la petite chaise. Et puis on repart ouvrir dautres portes, un peu plus loin. Cest une activité somnambule, faussement calme, à peine consciente. On appelle ça : écrire. »