Les Tahitiennes sont fières de montrer leur gorge, dexciter les désirs, de provoquer les hommes à lamour. Elles soffrent sans fausse pudeur aux marins européens qui débarquent dun long périple. Dans les marges du récit que Bougainville a donné de son voyage, Diderot imagine une société en paix avec la nature, en accord avec elle-même. Mais larrivée des Européens avec leurs maladies physiques et surtout morales ne signifie-t-elle pas la fin de cette vie heureuse ? Entre linformation fournie par Bougainville et linvention, Diderot fait dialoguer deux mondes, mais il fait surtout dialoguer lEurope avec elle-même. Il nous force à nous interroger sur notre morale sexuelle, sur nos principes de vie, sur le colonialisme sous toutes ses formes. Il nous invite à rêver avec lui à un paradis damours impudiques et innocentes. La petite île polynésienne ne représente-t-elle pas la résistance à toutes les normalisations ?