À Tanger, lhiver, le café Hafa se transforme en un observatoire des r&234;ves et de leurs conséquences. Les chats des terrasses, du cimetière et du principal four à pain du Marshan se réunissent là comme pour assister au spectacle qui se donne en silence et dont personne nest dupe. Les longues pipes de kif circulent dune table à lautre, les verres de thé à la menthe refroidissent, cernés par des abeilles qui finissent par y tomber dans lindifférence des consommateurs perdus depuis longtemps dans les limbes du haschisch et dune r&234;verie de pacotille. Au fond dune des salles, deux hommes préparent minutieusement la potion qui ouvre les portes du voyage. Lun sélectionne les feuilles et les hache selon une technique rapide et efficace. Ni lun ni lautre ne relève la t&234;te. Dautres, assis sur des nattes, le dos au mur, fixent lhorizon comme sils linterrogeaient sur leur destin. Ils regardent la mer, les nuages qui se confondent avec les montagnes, ils attendent lapparition des premières lumières de lEspagne. Ils les suivent sans les voir et parfois les voient alors quelles sont voilées par la brume et le mauvais temps.