« La fin du monde, ça sera quand le Soleil et la Terre se mélangeront pour former la même soupe lumineuse. Dans le Mercantour, au nord de la Provence, là où les Alpes commencent à fatiguer, cest souvent la fin du monde. Surtout lété. Ce jour-là, par exemple. Lair ébouillantait tout. Les yeux, les bras, les jambes, mais aussi les poumons. Cest pourquoi il respirait à petites goulées, Marcel Parpaillon, en montant le sentier pentu qui menait à la bergerie, aux Hautes-Cougourdes. Il avait lair de rigoler, mais cétait le soleil qui laveuglait. Au-dedans de lui, la peur battait du tambour et même plusieurs tambours. Il marchait lentement, car il tenait à peine sur ses jambes. À cause de son âge, quatre-vingts ans bien sonnés, et dun mauvais pressentiment, depuis les cris qui, quelques minutes auparavant, avaient crevé le ciel, du côté de la bergerie. »