« Le jour où mon père est mort, le 30 juillet 1980, la réalité a cessé de me passionner. Javais quinze ans, je men remets à peine. Pour moi, il a été tour à tour mon clown, Hamlet, dArtagnan, Mickey et mon trapéziste préféré ; mais il fut surtout lhomme le plus vivant que jai connu. Pascal Jardin, dit le Zubial par ses enfants, naccepta jamais de se laisser gouverner par ses peurs. Le Zubial avait le talent de vivre linvivable, comme si chaque instant devait être le dernier. Limprobable était son ordinaire, le contradictoire son domaine. Sennuyait-il au cours dun dîner ? Il le déclarait aussitôt et quittait la table, en baisant la main de la maîtresse de maison. Désirait-il une femme mariée ? Il ne craignait pas den faire part à son époux, en public, et descalader la façade du domicile conjugal le soir même pour tenter de lenlever. Sil écrivit des romans et plus de cent films, cet homme dramatiquement libre fut avant tout un amant. Son véritable métier était daimer les femmes, et la sienne en particulier. Ce livre nest pas un recueil de souvenirs mais un livre de retrouvailles. Le Zubial est lhomme que jai le plus aimé. Il ma légué une certaine idée de lamour, tant de rêves et de questions immenses que, parfois, il marrive de me prendre pour un héritier. » Alexandre Jardin.