« Je me souvenais quun jour, dans une plaisanterie sans gaîté, Charlotte mavait dit quaprès tous ses voyages à travers limmense Russie, venir à pied jusquen France naurait pour elle rien dimpossible [...]. Au début, pendant de longs mois de misère et derrances, mon rêve fou ressemblerait de près à cette bravade. Jimaginerais une femme vêtue de noir qui, aux toutes premières heures dune matinée dhiver sombre, entrerait dans une petite ville frontalière [...]. Elle pousserait la porte dun café au coin dune étroite place endormie, sinstallerait près de la fenêtre, à côté dun calorifère. La patronne lui apporterait une tasse de thé. Et en regardant, derrière la vitre, la face tranquille des maisons à colombages, la femme murmurerait tout bas : Cest la France... Je suis retournée en France. Après... après toute une vie. »