« Dun geste machinal, javais mis la montre en marche. Le tic-tac avait surgi avec une violence inattendue. Javais cru ne pas survivre à ce bruit presque imperceptible, cette course inexorable de la petite trotteuse qui me donnait le vertige. Trente ans après sa mort, mon père me quittait de nouveau. La douleur était entrée en moi dun seul coup. » Depuis quelle a retrouvé cette montre, la narratrice sest elle-même mise en mouvement : suivant une impulsion implacable, elle visite des maisons, comme pour retrouver le lieu dun rendez-vous manqué. Alors quelle est au bout de son improbable quête, le présent se substitue de plus en plus souvent au passé, et peu à peu se construit, sous nos yeux et presque à linsu de la narratrice, un magnifique et subtil roman des origines. Jamais Michèle Lesbre nest allée si loin dans lentrelacement de son expérience intime et de la fiction, et jamais elle na montré de manière si lumineuse le pouvoir rédempteur des mots, quelle tisse comme un enchantement.