« Moi, François Signorelli, docteur à Palerme, je me souviens de tout. Du vrai et du faux. De plus de gens et dhistoires que je nen ai connu. Mille ans dincertitude, tel est mon âge : ma mémoire prolifère et sinvente à mesure quelle se détruit, cest un trouble neurologique désigné comme le syndrome de Korsakov. Je le sais, jen suis un des spécialistes. Korsakov est mon mal intime, je le tutoie. Il me ronge et me délivre en même temps. Dabord, dun passé noir comme labandon. Dune enfance triste à Bordeaux dans les années soixante, de labsence dun père de sang. De la folie de toute une famille où ma mère na pu tenir debout que par lamour de Marcel Signorelli. Lui nous a donné son nom, celui de son propre père, Fosco, le cavalier magnifique du désert tunisien, dont les récits mont fait voler dans la lumière. Un coup de soleil pour la vie, que souhaiter de mieux quand celle-ci se dérobe ? Me voici enfant et ancêtre, par la grâce de Korsakov. »