Ce livre est un jihad. Une guerre intérieure. Un jihad pour sortir de moi-même, de ma race, de mon sexe, de ma religion, de mes déterminations. Un jihad pour aller vers moi-même. Cest un désir de naissance, donc de mort. Exister par ma volonté de vie, comme Ptah lémergent. Ce livre, cest le mot qui déborde. Celui que je ne contiens plus. Celui que nétouffent pas mes préoccupations quotidiennes. Ce mot qui résiste au trajet du tram, à la journée de travail, à la prose quotidienne, aux vicissitudes quotidiennes. Ecrire comme par débordement, comme par excès. Ce mot qui survit. Ce mot qui résiste à lassignation au temps social, à la confiscation du présent, à la dilapidation du temps, à la résignation, à la fatigue, à labdication, à la mort lente. Ces mots rescapés qui se tiennent la main pour résister à la prochaine bourrasque. Ce livre est une promesse tenue. Une potentialité qui finit par advenir. Un postmaturé, un tard né. Ce livre, ce nest pas Zugafar, lépée à deux têtes dAli qui tranche les têtes des infidèles à la bataille de Badr. Ce nest pas non plus une confession, car il ny a rien à avouer. Cest un combat spirituel. Pas celui que mènent les anachorètes ni les ascètes. Il ne vise pas à libérer lâme du corps, lesprit de la chair. Il est tentative de posséder la vérité dans une âme et un corps . Ce livre est une kalachnikov. Larme du désir de liberté. Celle qui envoie des rafales contre le tank social. Contre ses chenilles qui aplatissent, nivellent et asservissent les corps et les esprits .