A quelques mois de sa retraite, Mohamed, contrairement à ses collègues, na aucune envie de partir. Lidée de quitter latelier où il a travaillé toute sa vie depuis quil a quitté le bled, le contrarie profondément. Aussi commence-t-il à faire le bilan de sa vie afin de chasser le malaise diffus qui lenvahit. Il pense à son amour profond pour lIslam, dont il naime pas les dérives fanatiques ; il se désole de voir ses enfants si loin de leurs racines marocaines quil a échoué à transmettre ; et prend soudain conscience à quel point la retraite, lentraite comme il dit dans son mauvais français, peut ruiner un homme. Mais voilà que le jour fatal arrive enfin. Un matin, plus personne ne lattend à lusine. Mohamed ne tergiverse pas, il prend la route de son village natal au pays, pour aller y construire le seul rêve qui lui reste : une maison, une très grande maison, où toute sa famille pourra venir vivre heureux. Quand elle lui semble prête, il décide dinviter ses enfants pour une grande fête. Il sinstalle dans lentrée et commence à les attendre, un jour, deux jours, puis des semaines... Personne ne vient, seule une ombre menaçante rôde autour de lui. Peu à peu, tel un personnage de Beckett, il senfonce dans la terre, et finit englouti dans le trou qui sest formé autour de lui. Les gens du village en font un saint mystique, le saint que la retraite avait tué.